mercredi 7 janvier 2009

La conjuration des imbéciles - John Kennedy Toole


Les années 80 ce fut le meilleur et le pire. Le début de la fin d'un conte de fées qu'on prolonge.
La tête enfouie dans le sable, je cherchais à la manière de Blaise Cendrars, je ne sais quelle improbable rumeur, dans je ne sais quel obscur  gisement. Si un philosophe ou un psy - ou tous deux - ont des idées, je suis preneur.
Rupture de ton
Rupture de temps disent les vents
Marée haute, marée basse,
Une onde s'esclaffe
Pendant que l'autre file des baffes
Toujours à la recherche d'un refuge, d'une crique où loger le rafiot ou d'un livre que le hasard fait dériver jusqu'à heurter le galet, répandant des pages laiteuses qu'on dégage d'un doigt incertain, vous demandant d'où ça vient et pourquoi cela échoue chez vous, l'oeil du destin louchant la bonne ou la mauvaise affaire, un point de doute inondant la pupille, vous prenez le présent comme une offrande que la curiosité défeuille dans son ignorance.
Je cherchais un endroit où trouver réconfort, les marées se succédant sans que, sous les algues, l'humus vint à réveiller l'appétit, tout en salivant à l'idée d'un bon plat. Tel était mon état d'esprit.
Soudain, un alizé austral ! Étrange dérive.
Doux comme une caresse de femme entre deux soupirs. Rugueux comme le remous de cette mer rétive ayant côtoyé le meilleur et le pire, je me trouvais face à Ignatius J. Reilly, à l'autre bout des son hémisphère.
Ignatius est le personnage central de « La conjuration des imbéciles » d'un certain John Kennedy Toole. Un homme seul qui n'était pourtant pas si seul. Un seul livre. Mais quel carton ! Je ne vous en dirai point davantage. Ni sur sa mort. Ni sur sa courte vie. Ni, non plus, sur le gisement de ses paroles.
De l'humour noir ? Il a une sacrée couleur, l'humour de l'ami John Kennedy Toole ! Puis, ce serait trahir sa mémoire. Car, voyez-vous, il y a des choses qu'on partage bruyamment et celles, plus discrètes, qu'on échange par des réseaux beaucoup plus subtils, dont chacun tire la ficelle intérieure au mieux de sa résistance.
J'ignore, lorsque cela vous arrivera, si jamais cela vous arrive, ce que telle rencontre avec une météorite peut provoquer chez vous, mais, personnellement, il a fini par secouer les frondaisons de mon esprit jusqu'à délivrer les branches de mon arbre comme si l'automne avait soudainement visité juillet ou inversement. Avec Ignatius il faut s'attendre à tout.
Ignatius est ton frère et celui de tout le monde. Ignatius est impatient et parano. Quand il te regarde sous la visière de sa casquette, on sent le danger dans le regard et la détresse dans la prunelle. Quand il convoque Dieu le père à déguster ses chips parsemant sa devanture dieu le père n'a pas intérêt à faire la fine bouche ! Ou à trouver cela hors-norme. Dieu le père est à ses pieds et tel Marie-Madeleine devant Jésus, il essuie les plâtres d'un monde où la clarté manque de lumière !
Quand Ignatius réduit son père à l'initiale point et qu'il garde la maternelle pour aller faire un tour en ville, Ignatius a du courroux à revendre, mais des choses inexpliquées à se faire expliquer. La maternelle aussi.
Que dire de lui ? De l'auteur. Qu'il est mort trop jeune et que l'Amérique l'a célébré trop tard ? Qu'il est cet ours mal léché que tout le monde redoute et dont chacun porte le numéro de matricule tatoué sur le dos ?
Ce livre fut écrit au début des années soixante.

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