samedi 7 février 2009

La voix des équinoxes


Je n'ai pas cherché à cultiver le masochisme ce jeudi soir devant mon fenestron à écouter le discours présidentiel et à supporter le bal des soumis. Cela allait me flanquer le bourdon et je n'aime pas ça. L'idée de devoir subir ce que je sais déjà sans aucun moyen de riposte décuple ma colère. Mon esprit sait ce qu'il faut admettre et ce qu'il doit refuser. J'ai donc pris la direction de mon grenier afin de faire un aller-retour dans le passé pour une invitation festive à la table des amateurs de sensations authentiques. J'avais rendez-vous avec un livre. Un livre et un auteur. Un homme libre. Autant considérer que j'avais rendez-vous dans une autre dimension.
J'ai grimpé les degrés de l'escalier, me suis installé et jeté un regard circulaire. Je disposais d'une heure trente, voire plus, d'isolation phonique pour faire mon choix, laissant dériver des lambeaux de mémoire au hasard de mes arrêts-pages le long des rayons et des piles d'ouvrages.
Il me fallait un livre de circonstance. Un livre de vie et d'intelligence. Un livre que je n'écrirai jamais, mais que vous rêvez de partager comme si vous en étiez l'auteur. Un livre dont la rumeur fait le roulis de la pensée comme une vague s'échouant sur la grève et aspirant les galets qui la bordent dans un même bruit, quel qu'en soit l'endroit où cela se produit. Des pages qui prennent la mer et m'emportent loin de l'hypocrisie et de la corruption. Je me suis levé et fait le tour des piles. A chaque arrêt, un morceau d'histoire offrait sa bobine à la lumière du présent. Fresque, roman, nouvelle, essai, peu importe le genre, tout ça dansait dans le désordre d'une passion dévorante.
J'ignore comment il s'est décroché de la masse pour joindre sa singularité à notre besoin, mais Jean Grenier est venu pose son orthographe entre mes doigts. « Les îles » est un « petit » livre que j'ai découvert et lu dans les années 80. Attiré par le titre, insulaire moi-même, cela explique sans doute le choix, je l'ai lu, j'ai aimé. Je viens de le relire, je l'aime toujours autant, sinon plus. Si on ajoute à cela la préface d'Albert Camus, vous êtes paré pour un séjour sympa au pays du libre envol.
Remarque personnelle : ceci est un livre pour aller loin et non pas un ouvrage de vitesse. Bien qu'en y réfléchissant un peu…

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