mercredi 26 décembre 2012

Stefan Zweig, l’ami réel

Tout écrivain est un ami. Peu importe la racine des choses qu'il soumet à votre jugement. Sa vie est une danse. Un sentiment diffus. Quelque chose qui vous suit et dont vous ignorez l'élément moteur. Son premier mot est un geste. Son premier geste est une émotion, point d'exclamation ou point interrogation. Pourquoi ? Le sait-il lui-même ? C'est dans le pourquoi qu'il deviendra lui-même. Mais cela il ne le sait pas devant sa toute première page. Ni lui ni personne. Ni devant les suivantes non plus. Il ne le découvrira qu'à la dernière. Et encore ! Au Brésil, dans une chambre d'hôtel, l'a-t-il peut-être su en se donnant la mort. Pourquoi ?...
Stefan Zweig est de ces écrivains qui vous connaissent avant de savoir qui il est avec certitude. C'est en dévoilant ses personnages qu'il fait sa propre connaissance.
S'il y a un auteur à découvrir ou à relire aujourd'hui, c'est bien lui. Ce type décline son identité au pied de la roche. Pour le déloger, il faut se munir d'un opinel. Il fait partie de l'espèce la plus prisée sur la côte bretonne : l'haliotide. Quand il accroche, il vous accroche ! Pourtant il était autrichien.
« Vie d'autrichien, vie de rien », disait un amateur éclairé, ibère de son état.
En vrac, voici quelques titres : « Amok », « la pitié dangereuse », « la peur », « le candélabre enterré, » « vingt-quatre heures de la vie d'une femme », « le joueur d'échecs », « les très riches heures de l'humanité », « Magellan », « Erasme », « Castellion contre Calvin », «Balzac»…
Comment oublier un gars qui a mis l'Europe au centre de ses préoccupations à une époque où l'Europe et le monde n'étaient que balbutiement et folie ? Comment oublier qu'il était l'ami de Romain Rolland et des pacifistes de feu 14-18 ? Comment oublier Freud dans son aventure intérieure ? Groddeck ? Et tout ce que l'Europe comptait d'intelligence et de savoir-penser ?
Comment oublier son joueur d'échecs dans son livre éponyme ? Cette bagarre implacable contre l'obscurantisme et la folie d'un monde dingue !
Comment oublier Zweig, mon ami de toujours et le votre bientôt, j'en suis sûr !

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