dimanche 28 juillet 2013

Le lustre de mes peurs

Illustration Erby
Le sang coule de manière torrentielle sur la planète. Rares (ou nuls) sont les endroits où l'esprit peut atteindre collectivement un degré rêvé. En Égypte, en Syrie, dans une « moindre » mesure en Tunisie, la peur règne, la terreur installe son aube sombre. Partout où le regard se pose, le sang gycle, vide les corps, fracasse les esprits, privant l'humanité de la part d'intelligence que la haine, dans sa récurrente brutalité, lui refuse. A bas l'intelligence, Viva la Muerte, criait une ordure, borgne de surcroît, devant un homme intelligent perdu dans le chaos de son époque. De quoi se souvenir ! Pour échapper à ce cauchemar, bien après, des hommes ferment les yeux, pour oublier, pour rêver, sentir une autre odeur que celle de la poudre, recevoir un autre cadeau que celui d'un colis piégé, d'un missile arrivé de nulle part qui vous éviscère et dont la seule trace qu'on trouve dans le charnier est l'étiquette du fabriquant d'artefact, père de famille modèle, mari exemplaire, citoyen honorable, soucieux de sa main d’œuvre, toute vouée à sa paisible et légitime sécurité, homme d'affaires respectable, coté en bourse, à qui on déroule tapis rouges et on décerne des Légion d'honneur, au titre d'un travail bien léché ! On ferme les yeux pour fuir, toujours fuir, trouver un refuge, un trou de taupe, où, aveugle, le silence des tombes émet des râles d'une rare culpabilité. La trouille collée au ventre, on creuse, on ausculte, on s'enfonce, cherchant dans la pourriture de nos têtes des alibis, rien à faire, ça colle, ça poisse, ça dégoise, ça framboise, le goût en moins, alors que toutes ces misères, ces crasses, portent un nom, pas si féminin que ça : lâcheté !  Ce monde de corruption et de dégoût qu'on veut fuir, c'est encore et toujours les ténèbres. Le temps du fer a pris le pas sur le celui du FAIRE autre chose que de se laisser FAIRE. Le fer n'est-il pas autre chose qu'une lame qu'on enfonce dans le corps d'autrui, par égoïsme, par cupidité, parce que nous sommes piégés et parce que cela arrange les affaires ?...

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